prêtre

Enfin prêtre

Karol a fait des efforts énormes et pris des risques considérables pour devenir prêtre. Il va enfin pouvoir célébrer la Messe, sacrement qu’il chérit tant.

Dissuadé d’entrer au Carmel, Karol continue ses études au séminaire clandestin. Ils sont sept séminaristes clandestins.

Le 1er août 1944 a lieu l’insurrection de Varsovie, tentative désespérée de l’armée polonaise souterraine de libérer la capitale de l’armée allemande. Les Polonais sont massacrés et Hitler ordonne de raser la ville. Varsovie est détruite. Les représailles de l’armée allemande sont féroces dans toute la Pologne. La Gestapo organise des rafles partout.

Une rafle a lieu dans la maison de Karol. Lui est dans son appartement, au sous-sol, derrière une porte fermée. Il est terrorisé et prie de s’en sortir. Après avoir fouillé les deux premiers étages, les policiers s’en vont. Il arrive à rejoindre le séminaire grâce à Mme Szkocka, qui le précède pour vérifier si la voie est libre pour avancer. Arrivé à l’archevêché, on lui fait mettre une soutane. Monseigneur Sapieha veut faire passer ses séminaristes pour ses secrétaires. Il est très courageux et très déterminé. De naissance, il est prince, descendant d’une noble famille polono-lituanienne, ce qui lui donne une certaine autorité. Mais sa force lui vient surtout de son enracinement en Dieu et dans la prière. C’est un modèle de direction de l’Eglise pour Karol.

Les séminaristes sont alors cachés dans la résidence de l’archevêque, vu les persécutions des nazis qui visent particulièrement les religieux. Mais les nazis enquêtent sur un ouvrier de l’usine Solvay, qui n’est plus sur les emplois du temps. Cet ouvrier, c’est Karol. L’archevêque mandate alors le Père Figlewicz pour négocier avec le directeur de l’usine de faire « disparaître » l’ouvrier Wojtyla, ce qui est fait. Les enquêtes cessent alors et Karol est protégé dans la résidence de Monseigneur Sapieha.

« (…) j’ai pu y rester avec mes camarades jusqu’au 18 janvier 1945, jour – ou plutôt nuit – de la libération. Ce fut de nuit, en effet, que l’Armée rouge atteignit les environs de Cracovie. En se retirant, les Allemands firent sauter le pont de Debniki. Je me rappelle cette terrible détonation : le souffle brisa toutes les vitres des fenêtres de la résidence archiépiscopale. Nous nous trouvions alors à la chapelle pour une cérémonie à laquelle participait l’archevêque. Le jour suivant, nous nous sommes dépêchés de réparer les dégâts. » (LIV MV)

L’archevêque Sapieha est élevé à la dignité cardinalice juste après la fin de la guerre. En effet, il était devenu un genre de primat de Pologne ad interim, car le primat, le cardinal Hlond, avait pris la fuite en septembre 1939 avec les autorités polonaises. Monseigneur Sapieha était « le roi polonais sans couronne » (LIV JP), un père de la nation. Il avait 72 ans en 1939 et sa santé se dégradait, mais sa force de caractère et sa foi le soutenaient. Durant la guerre, il était devenu l’autorité religieuse et politique de la Pologne, en opposition à l’envahisseur nazi.

« Toute la population salua cette nomination comme une juste récompense des mérites de ce grand homme qui, pendant l’occupation allemande, avait su maintenir très haut l’honneur de la nation, en faisant preuve d’une grande dignité aux yeux de tous. Je me souviens de cette journée de mars – c’était en Carême – où l’archevêque rentra de Rome après avoir reçu le chapeau de cardinal. Les étudiants soulevèrent de leurs bras sa voiture et la portèrent sur une bonne distance jusqu’à la Basilique de l’Assomption, place du Marché, manifestant ainsi l’enthousiasme religieux et patriotique que cette élévation au cardinalat avait fait naître dans la population. » (LIV MV)

Après la libération de la Pologne, le séminaire n’est plus clandestin et Karol ne travaille plus. Il peut enfin se consacrer à ses études, avec une année universitaire 1945-1946 normale.

Le 20 octobre 1946, Karol est ordonné diacre et le 1er novembre, il est ordonné prêtre, par Monseigneur Sapieha, dans sa chapelle privée, entouré de quelques parents et amis. Il est le seul ordonné ce jour-là, en avance sur les autres séminaristes, car le cardinal souhaite l’envoyer poursuivre ses études à Rome, à l’université pontificale Saint Thomas d’Aquin, l’Angelicum.

Don Karol célèbre sa première Messe dans la cathédrale du Wawel, le lendemain. Moment exceptionnel non seulement de célébrer enfin ce sacrement qu’il chérit tant, mais aussi car le Wawel est un haut lieu de la spiritualité et de la culture polonaise. Il est assisté par son confesseur et confident, Père Figlewicz.

« Ce fut un moment d’une intensité unique. Je célébrai les trois Messes dans la crypte de Saint-Léonard (…), dans la cathédrale du Wawel (…). En la choisissant comme lieu de mes premières Messes, je voulais exprimer un lien spirituel particulier avec ceux qui reposent dans cette cathédrale qui, en raison de son histoire, constitue un monument sans égal. Plus que tout autre sanctuaire de Pologne, elle est riche de signification historique et théologique. (…) Je célébrai aussi une Messe à la confession de saint Stanislas dans la cathédrale du Wawel, pour les amis du théâtre rhapsodique et pour l’organisation clandestine « UNIA » (Union) à laquelle j’avais été lié pendant l’occupation. » (LIV MV)


Références :
L’enfance de Jean-Paul II, Alain Vircondelet, Editions Artège, 2015
Jean Paul II – Témoin d’espérance, George Weigel, Editions Jean-Claude Lattès, 2005
LIV MV : Ma vocation – don et mystère, Editions Parole et Silence, 2013 (original en 1996, en italien)

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