La seule famille proche qui reste à Karol est son papa. Il y est très attaché, lui raconte tous les jours ce qu’il fait, prie avec lui, mange avec lui. Mais son papa va de plus en plus mal. Il plonge dans un genre de dépression et n’arrive pas à remonter la pente. Il se laisse aller et Karol n’arrive pas à le tirer de là, à lui redonner l’envie de vivre. Les conditions de la guerre, avec les privations et les difficultés quotidiennes, n’aident pas Karol Senior, surnommé le « capitaine », à aller mieux.

Le 18 février 1941, en rentrant chez lui, Karol trouve son papa mort, dans son lit. Le choc est monumental. Il n’a alors plus de famille proche. Madame Kydrinski, qui l’avait accompagné pour apporter un repas chaud à son papa, prévient Juliusz, son fils et ami de Karol, qui le rejoint. Ils veillent toute la nuit le papa de Karol et prient. La famille Kydrinski, très touchée par ce deuil, recueille Karol chez elle.

Des familles qu’il côtoie, ses collègues et ses compagnons de théâtre le soutiennent dans cette nouvelle épreuve. Au milieu de tous ces drames, personnels et historiques, sa vocation au sacerdoce mûrit. « Devant l’extension du mal et devant les atrocités de la guerre, le sens du sacerdoce et de sa mission dans le monde devenait toujours plus clair pour moi. » (LIV MV)

En juin 1941, suite à l’insistance de Karol par de multiples lettres, Mieczyslaw Kotlarczyk déménage aussi à Cracovie et y travaille comme conducteur de tramway, puis en tant qu’employé dans un bureau. Ces retrouvailles permettent la fondation du théâtre rhapsodique, aussi appelé théâtre de la parole, la déclamation du texte primant sur les gestes et le décor. « C’était un théâtre très simple. La partie scénique et la décoration étaient réduits au minimum ; l’attention se concentrait essentiellement sur la déclamation du texte poétique. » (LIV MV)

Karol donne son appartement à Mieczyslaw et son épouse, puis s’installe avec eux. Ils parlent de théâtre le soir et vont jusqu’à essayer des mises en scène. Karol est son meilleur élément, le plus doué de tous. « Ma passion était de devenir acteur, de jouer sur scène. Souvent j’imaginais les rôles que j’aurais aimé représenter ! » (LIV LV)

Ils font aussi des représentations, qui ont lieu dans des logements, clandestinement, vu l’occupation nazie : « Les récitals avaient lieu devant un groupe de quelques connaissances et invités particulièrement intéressés par la littérature, en quelque sorte des « initiés ». Il était indispensable de garder le secret sur ces réunions théâtrales ; sinon, on risquait des sanctions graves de la part des autorités d’occupation, y compris la déportation dans les camps de concentration. (…) toute cette expérience théâtrale m’a profondément marqué (…). » (LIV MV)

A cette époque-là, Karol hésite encore à devenir acteur, comme ses amis avec qui il donne les représentations, mais l’idée du sacerdoce se fait de plus en plus pressante. Il n’a encore rien dit à Mieczyslaw, qui le considère comme son meilleur élément et le voit dans une carrière artistique brillante.


Références :
L’enfance de Jean-Paul II, Alain Vircondelet, Editions Artège, 2015
LIV MV : Ma vocation – don et mystère, Editions Parole et Silence, 2013 (original en 1996, en italien)
LIV LV : Levez-vous ! Allons ! Editions Plon/Mame, 2004

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