« (…) la famille, la nation et la patrie demeurent des réalités irremplaçables. La doctrine sociale catholique parle en ce cas de sociétés « naturelles », pour indiquer le lien particulier, de la famille ou de la nation, avec la nature de l’homme, qui a une dimension sociale. Les voies fondamentales de la formation de toute société passent par la famille : sur ce point, il ne peut y avoir aucun doute. Mais il semble qu’une observation analogue s’applique aussi à la nation. L’identité culturelle et historique des sociétés est sauvegardée et entretenue par ce qui est inclus dans le concept de nation. Naturellement, un risque devra être absolument évité : que la fonction irremplaçable de la nation dégénère en nationalisme. (…) Comment peut-on se libérer d’un tel péril ? Je pense que la manière la plus appropriée est le patriotisme. La caractéristique du nationalisme est en effet de ne reconnaître et de ne rechercher que le bien de sa propre nation, sans tenir compte des droits des autres. A l’inverse, le patriotisme, en tant qu’amour pour sa patrie, reconnaît à toutes les autres nations des droits égaux à ceux qui sont revendiqués pour sa patrie et il constitue donc la voie vers un amour social ordonné. » (LIV ME)

« Si l’on se demande quelle place occupe le patriotisme dans le Décalogue, la réponse ne laisse aucune hésitation : il se situe dans le cadre du quatrième Commandement, qui nous engage à honorer notre père et notre mère. (…) Nous devons vénérer nos parents, parce qu’ils représentent pour nous Dieu Créateur. En nous donnant la vie, ils participent au mystère de la création et ils méritent pour cela une vénération qui renvoie à celle que nous attribuons à Dieu Créateur. Le patriotisme comporte en lui-même cette sorte d’attitude intérieure, du fait que la patrie est aussi pour chacun, d’une manière particulièrement vraie, une mère. (…) Patriotisme signifie amour pour tout ce qui fait partie de la patrie : son histoire, ses traditions, sa langue, sa conformation naturelle elle-même. C’est un amour qui s’étend aussi aux actions des citoyens et aux fruits de leur génie. » (LIV ME)

« Le droit à l’existence implique naturellement, pour toute nation, le droit à garder sa propre langue et sa culture, par lesquelles un peuple exprime et défend ce que j’appellerai sa « souveraineté » spirituelle originelle. L’histoire montre que dans des circonstances extrêmes (comme celles qu’a connues la terre où je suis né), c’est précisément sa culture qui permet à une nation de survivre à la perte de son indépendance politique et économique. » (Discours, 05.10.1995)


Références :
https://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr.html pour citations de discours, homélies, audiences générales, messages, lettres, encycliques
LIV ME : Livre Mémoire et identité, Jean-Paul II, Editions Flammarion, Paris, 2005

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *