La guerre fait rage, les déportations des intellectuels, des religieux et des juifs sont le quotidien effroyable des polonais et le rationnement de nourriture fait que beaucoup souffrent de la faim, alors que les nazis vivent dans l’opulence. Karol aussi souffre de la faim. Il fait la file pendant des heures à la boulangerie pour avoir un peu de pain, mais régulièrement en vain. C’est le même scénario pour tous les magasins d’alimentation. Son papa est trop faible pour l’aider dans ces démarches. Karol se lève souvent à 4 heures du matin pour essayer d’arriver à obtenir de la nourriture avec ses tickets de rationnement. Souvent, leurs repas sont faits de pommes de terre ou de galettes de gruau.
Comme Karol fait partie des intellectuels, en tant qu’étudiant en philologie polonaise en plus, il est particulièrement à risque d’être déporté aux travaux forcés en Allemagne, tous les hommes valides sans emploi étant ainsi traités. Il doit donc justifier d’une occupation en Pologne. Avec l’aide de Madame Szkocki, il trouve une place d’ouvrier dans une carrière de pierre. Il aurait pu avoir un poste dans un bureau, mais il préfère un travail physique pour ne pas occasionner de soupçons. Son ami poète Juliusz a trouvé le même travail, aussi par Madame Szkocki, ce qui leur permet de parler de littérature et de leur patrie.
« Pour éviter la déportation aux travaux forcés en Allemagne, à l’automne 1940 je commençai à travailler comme ouvrier dans une carrière de pierre rattachée à l’usine chimique Solvay. Elle se trouvait à Zakrzowek, à une demi-heure environ de ma maison de Debniki, et j’y allais tous les jours à pied. » (LIV MV)
Son travail consiste à extraire la roche à la dynamite ou au marteau, puis à la transporter sur des chariots. C’est un travail très dur, qui le fatigue beaucoup et lui occasionne de multiples douleurs, mais il parvient à tenir le coup. Il découvre le monde ouvrier. Il admire ses collègues, pour la plupart pères de famille, qui sont courageux et dignes, malgré les circonstances de la guerre et la dureté de leur travail. Il est régulièrement témoin d’accidents de chantier. Un jour, un ouvrier qu’il connaît est tué sur le coup par un éclat de roche qui le frappe à la tempe. Karol voit son fils et son épouse venir le pleurer, après avoir été alertés par les collègues sur place. Cet épisode le marque profondément. D’une certaine manière en signe de solidarité avec toutes les personnes qui souffrent, Karol travaille avec détermination et fierté. Il rentre chez lui fatigué et pétri de douleurs, mais ne se lamente pas.
Il prie pendant son travail. « « A Toi, louange et gloire, notre Eternel Seigneur », murmure-t-il tandis qu’il casse à coup de pic d’énormes pierres. » (LIV LE)
En automne 1941, il est transféré de la carrière à l’usine Solvay, où il devient aide-artificier. Son travail consiste en transporter des seaux de chaux et à surveiller les machines. Karol apporte aussi le produit à analyser au laboratoire de l’usine. Ce travail est plus loin de chez lui, à une heure de marche, mais a l’avantage d’être moins fatigant et les tournus de nuit lui laissent du temps pour lire et prier. Il ne cache pas ses activités à ses collègues, qui peuvent voir qu’il lit des livres religieux, prie à genoux, bénit son repas, prie le chapelet. Depuis qu’il commence à sentir clairement sa vocation au sacerdoce, il est moins discret qu’avant sur sa piété.
Références :
Pope John Paul II, The biography, Tad Szulc, Scribner, 1995
Jean-Paul II – La biographie, Andrea Riccardi, Parole et Silence, 2014
LIV MV : Ma vocation – don et mystère, Editions Parole et Silence, 2013 (original en 1996, en italien)
LIV LE : L’enfance de Jean-Paul II, Alain Vircondelet, Editions Artège, 2015
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