un poète au concile

Un poète au Concile Vatican II

La poésie wojtylienne reflète les pensées et les émotions de son auteur, au contact des hauts lieux de la chrétienté et de l’Eglise.

Monseigneur Wojtyla continue à s’exprimer par des poèmes, comme dans le recueil « L’Eglise », qu’il écrit pendant la première session du Concile Vatican II, à la Basilique Saint Pierre. Dans « Les Pasteurs et les sources », il médite entre autres sur le premier Pape, Saint Pierre, et sur la basilique qui lui est dédiée, dont la crypte renferme son corps, ainsi que celui de plusieurs de ses successeurs :

« Nos pieds touchent terre ici même où s’élèvent au ciel
tant de murs et de colonnades… si l’on ne s’y perd pas,
si l’on y retrouve le sens et l’unité,
c’est que le Pavement nous guide.
Il unit les espaces du haut lieu Renaissance
comme il unit les espaces en nous
qui marchons si conscients de nos échecs, de nos faiblesses.
Pierre, tu veux être le Pavement et qu’ils te piétinent,
eux qui marchent sans savoir où ils vont,
tu veux qu’ils aillent où tu guides leurs pieds
et qu’ils unissent les espaces
par l’œil, géniteur de pensée.
Tu veux servir leurs pieds qui passent,
comme le roc sert les sabots des brebis.
Le roc, le Pavement d’un temple gigantesque.
La croix – le pâturage.

Descendre sous le Pavement porteur de générations de pas.
Percer le roc pour trouver l’homme
foulé sous les sabots des brebis.
Elles foulaient elles ne savaient qui :
Un homme qui passait ?
L’Homme qui ne passera pas ?
La crypte te le dit : liée au monde qui l’assiège
de son armée de soldats épuisés
qui ne battent jamais en retraite. » (OEU PT)

Ce poème explique aussi sa vision du sacerdoce. « En écrivant ces lignes, je pensais à Pierre et aussi à toute la réalité du sacerdoce ministériel, et je cherchais à montrer la signification profonde de la prostration liturgique. Rester étendu à terre, le corps en forme de croix, avant l’ordination, accepter, comme Pierre, la croix du Christ dans sa propre vie et se faire avec l’Apôtre « pavement » sous les pas de ses frères, cela fait apparaître le sens le plus profond de toute spiritualité sacerdotale. » (LIV MV)

En 1965, il écrit le poème en vers et en prose « Pérégrination aux Lieux saints », relatant ses émotions et ses réflexions lors de son voyage en Terre Sainte, où il avait voulu se rendre pour puiser aux racines du Christianisme, là où Jésus avait vécu, afin de participer au mieux au Concile.

« O lieu de la terre, lieu de la terre sainte – quel lieu tu es en moi ! C’est pour cela que je ne puis te fouler, je dois m’agenouiller. En m’agenouillant, je confirme que tu fus un lieu de rencontre. Je m’agenouille – ainsi je t’imprime mon sceau. Tu resteras ici avec mon sceau – tu resteras, oui, tu resteras et je t’emporterai avec moi et te transformerai en lieu d’un nouveau témoignage. Je vais en témoin, qui atteste dans les millénaires. » (OEU PT)


Références :
Jean Paul II – Témoin d’espérance, George Weigel, Editions Jean-Claude Lattès, 2005
Jean-Paul II – La biographie, Andrea Riccardi, Parole et Silence, 2014
OEU PT : Poèmes, théâtre, écrits sur le théâtre, Karol Wojtyla, Editions Cana/Cerf, 1998
LIV MV : Ma vocation – don et mystère, Editions Parole et Silence, 2013 (original en 1996, en italien)

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