Karol continue sa vie d’écolier, mais rien n’est plus comme avant. Depuis la mort de sa maman, son cœur est brisé, son quotidien est bouleversé. Il se retrouve seul avec son papa, qui lui dispense son éducation et son instruction religieuse, non seulement par ses paroles mais aussi par son comportement.

Après le décès de sa maman, la vie de son papa « devint une vie de prière constante. Il m’arrivait de me réveiller la nuit et de trouver mon père à genoux, de même que je le voyais toujours à genoux dans l’église paroissiale. (…) son exemple fut pour moi, en quelque sorte, le premier séminaire, une sorte de séminaire domestique. » (LV MV)  

Les journées sont organisées par son papa, ancien militaire, avec beaucoup de rigueur. Le matin, il y a la prière à genoux, dont la prière à Marie, et la lecture de l’évangile du jour. Le soir, le rosaire, la lecture de la Bible, la prière du soir puis le Salve Regina. Ils vont aussi souvent prier à l’autel de la Sainte Vierge dans leur église paroissiale. En semaine, les cours scandent aussi la journée, puis la répétition des leçons avec son papa. Il n’y a pas de luxe et Karol est élevé à la rude, comme quand en hiver sa chambre n’est pas chauffée et qu’il doit se laver à l’eau froide, mais cela ne lui pose pas de problème. Son papa lui enseigne aussi le patriotisme, la fierté d’appartenir à sa nation, et l’espérance du Royaume des Cieux, qui est promis au fidèle et donc qu’il n’y a rien à redouter. Il lui apprend le sens de l’affirmation de Jésus à Ses disciples : « N’ayez pas peur ! ».

Providentiellement, en 1930, un jeune prêtre, le Père Kazimierz Figlewicz, arrive à Wadowice. Il est nommé vicaire du Père Zacher, dans la paroisse où vont les Wojtyla. Il enseigne le catéchisme. Il plaît tout de suite à Karol, qui le choisit comme confesseur et confident. Ils discutent pendant des heures du sens de la vie et des épreuves que Dieu permet. C’est un soutien précieux. Ce jeune prêtre l’invite à servir la Messe, ce que Karol fait avec joie, le plus souvent qu’il peut. Il est un enfant de chœur enthousiaste et enseigne aux autres enfants de chœur comment servir à l’autel. Il se réfugie dans la prière et dans la poésie. Petit à petit, la douleur de la perte de sa maman s’apaise.

Mais la mort de son grand frère Edmund, 3 ans après celle de sa maman, le choque et le marque profondément. Le Père Figlewicz s’occupe de lui, à la lumière de l’Evangile, en lui expliquant que la souffrance précède la résurrection pour le chrétien, que tout, dont la douleur, est « matière de renouveau » (LIV LE).

Karol continue à faire face, avec courage et foi. Le Père Figlewicz continue à prendre soin de lui et à le faire participer à la liturgie. Leur complicité continue les années suivantes, même après que le jeune prêtre ait été nommé à la cathédrale du Wawel : « Je me souviens de la grande émotion que je ressentis lorsque l’abbé Figlewicz m’invita, moi qui avais quinze ans, au Triduum pascal qui se déroulait au Wawel et que je pris part à l’Office des Lectures, anticipé à l’après-midi du mercredi. Ce fut pour moi un choc spirituel, et aujourd’hui encore, le Triduum pascal est pour moi une expérience déroutante. » (LIV LV) 

D’une certaine manière, le Père Figlewicz fait connaître la profondeur de la liturgie à Karol. Ce sera aussi ce prêtre qui lui confirmera, bien des années plus tard, que Dieu l’appelle au sacerdoce.


Références :
www.santiebeati.it
LIV MV : Ma vocation – don et mystère, Editions Parole et Silence, 2013 (original en 1996, en italien)
LIV LE : L’enfance de Jean-Paul II, Alain Vircondelet, Editions Artège, 2015
LIV LV : Levez-vous ! Allons ! Editions Plon/Mame, 2004

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *