Hostie Saint Sacrement

Jésus Hostie dans sa vie

Quel était le rapport de Jean-Paul II avec Jésus réellement présent dans l’Hostie consacrée ? Est-ce que nous pouvons nous en inspirer ?

On pourrait résumer le lien de Jean-Paul II avec Jésus présent dans l’Hostie consacrée ainsi : « (…) sa dévotion pour l’Eucharistie était (…) pleine d’affection et de profond respect. » (GP) La célébration de la Messe, la communion et l’adoration sont les moments « forts » de chacune de ses journées. Il nous l’explique lui-même : « L’Eucharistie est un trésor inestimable : la célébrer, mais aussi rester en adoration devant elle en dehors de la Messe permet de puiser à la source même de la grâce. (…) cet aspect du culte eucharistique, dans lequel se prolongent et se multiplient les fruits de la communion au corps et au sang du Seigneur. » (Encyclique Ecclesia de Eucharistia, 17.04.2003) Pour bien mettre en relief l’importance de ce sacrement, où Jésus est matériellement présent, le Pape proclame une « Année de l’Eucharistie », d’octobre 2004 à octobre 2005.

La journée de Jean-Paul II commence en général par la célébration de la Messe. Il affirme d’ailleurs : « La Sainte Messe est absolument le centre de ma vie et de chacune de mes journées. » (Discours, 27.10.1995) « Si ma vie passée et présente peut être qualifiée d’ »active », n’oublions pas que l’ »acte » par excellence de chaque jour est la sainte messe qui constitue la synthèse la plus parfaite de la prière, le cœur de la rencontre avec Dieu dans le Christ. L’expérience de plus de trente ans de vie sacerdotale m’a appris que pour atteindre ce sommet, pour parvenir à cette synthèse et à cette plénitude, il faut y entrer par la prière et en sortir vers la prière de la journée tout entière, sachant parfaitement que cette journée sera remplie à déborder d’activités et d’engagements de toutes sortes. » (NA)

Jean-Paul II applique avec soin cette recommandation d’entrer et sortir de la Messe par la prière, et donc de ne pas arriver à la dernière minute à la célébration ni de partir en courant quand elle est finie. Ses proches racontent : « Avant chaque célébration liturgique, que ce soit à Rome ou en déplacement dans le monde, après avoir salué les personnes présentes, s’être informé sur le programme et avoir commencé à endosser les vêtements liturgiques, il ne parlait plus et commençait à prier à mi-voix. (…) on l’entendait murmurer continuellement. Et ainsi pendant toute la messe. Quand il revenait à la sacristie, il se mettait à genoux par terre et, mettant la tête entre ses mains, il commençait sa prière d’action de grâce, prenant tout son temps. » (DI)

Pendant la Messe, il s’immerge dans la méditation, la prière et l’adoration : « Sa messe était un temps de vraie rencontre avec le Christ immolé et ressuscité sur l’autel. Il célébrait toujours avec grande dévotion et attention. Après la liturgie de la Parole, il se plongeait dans une longue méditation durant laquelle régnait un silence absolu. Le Saint-Père ne regardait personne, il était profondément concentré, et c’était la même chose après la communion à la fin de la célébration eucharistique. » (VJ) On voyait « (…) sa sollicitude dans chaque geste, chaque parole. (…) Lorsque le Saint-Père élevait l’Hostie, il la regardait avec l’adoration la plus sincère. » (LM)

La communion est vitale pour lui et un moment privilégié, qu’il ne traite pas avec négligence ou superficialité. Il est bien conscient que Jésus se donne à lui et de la grandiosité de cet Amour, du privilège qu’il a de pouvoir Le recevoir : « (…) durant la Messe elle-même et au moment de la communion, il passait différents moments en prière. Il était guidé par la prière de la liturgie (…) avec la spiritualité eucharistique. » (GP) « (…) parfois, certains des collaborateurs se plaignaient et venaient me dire : « Mais, après la communion, que fait le pape ? Tu devrais accélérer plus la poursuite de la célébration sans rester trop de temps en silence » ; et je leur répondais : « Ecoutez, je vois le pape qui prie et je ne me sens pas d’aller lui dire de faire vite, parce qu’il me semble d’entrer dans l’intimité d’une personne qui rencontre Dieu. » Et ainsi il est arrivé, au moins deux ou trois fois, qu’un maître de cérémonie, dans la chapelle paoline, après la communion, oubliant que le pape était habitué à faire un moment de silence, ait fait venir deux clercs devant lui, et le pape, quand il les a vus là devant a dit : « Prions encore un peu. » Alors les clercs sont retournés à leur place. (…) le pape avait besoin de ces moments d’équilibre, équilibre entre sa dévotion personnelle envers l’Eucharistie et le moment liturgique de la communion. Parce que l’autel est le lieu de communion avec le Seigneur. Et cela se produisait non seulement à Rome, mais dans tous les lieux où nous allions célébrer. » (GP)

La dévotion et la révérence de Jean-Paul II vis-à-vis de l’Hostie consacrée se voit aussi dans son sens de responsabilité envers elle : « (…) une fois, nous étions dans une célébration et pendant qu’il élevait l’hostie pour donner la communion, un coup de vent emporta une particule. Moi aussi j’ai suivi le vol de cette hostie. Il y avait tout près un petit olivier que nous avions mis là pour décorer l’autel. Le Pape s’est arrêté, a arrêté de distribuer la communion et attendait que l’hostie soit retrouvée. Sont alors venus les gens de la sécurité ; je leur ai dit de faire attention. Tous se sont mis à chercher l’hostie, essayant de voir où elle pouvait se trouver. On ne la trouvait pas, et ces agents de la sécurité, à un certain point, ont abandonné les recherches, mais le pape ne renonçait pas à attendre, jusqu’à ce qu’après beaucoup de temps, il se décide à continuer parce que tous faisaient la file. Vers la fin de la communion, j’ai vu cette hostie, qui s’était accrochée probablement entre deux feuilles, lorsqu’elle tombait de l’arbre. Alors je suis allé la prendre et je l’ai consommée moi-même. Le Pape, après avoir vu ceci, s’est tranquillisé. » (GP)

Il se préoccupe aussi de comment les personnes qui reçoivent Jésus à la communion vont traiter la Sainte Hostie et de la nécessité que les prêtres se sentent responsables du devenir des Hosties consacrées : « En certain pays est entrée en usage la communion dans la main. Cette pratique a été demandée par des Conférences épiscopales particulières, et elle a obtenu l’approbation du Siège Apostolique. Il m’arrive cependant d’entendre parler de cas de regrettables manques de respect à l’égard des espèces eucharistiques, manquements qui pèsent non seulement sur les personnes coupables d’un tel comportement, mais aussi sur les pasteurs de l’Eglise, qui auraient été moins vigilants sur l’attitude des fidèles envers l’Eucharistie. Il advient même parfois que l’on ne tienne pas compte du libre choix et de la libre volonté de ceux qui, là où a été autorisée aussi la distribution de la communion dans la main, préfèrent s’en tenir à l’usage de la recevoir dans la bouche. (…) En rédigeant ces lignes, je ne veux en aucune façon me référer aux personnes qui, recevant le Seigneur Jésus dans la main, le font dans un esprit de dévotion et de respect profonds, dans les pays où cet usage a été autorisé. Mais il ne faut pas oublier pour autant la fonction première des prêtres qui, par leur ordination, ont été consacrés de manière à représenter le Christ prêtre : leurs mains, comme leur parole et leur volonté, sont donc devenues un instrument direct du Christ. Pour cette raison, comme ministres de la Sainte Eucharistie, ils ont sur les saintes espèces une responsabilité primordiale parce que totale : ils offrent le pain et le vin, ils les consacrent, et ensuite ils distribuent les saintes espèces à ceux qui participent à l’assemblée et qui désirent les recevoir. » (Lettre Dominicae Cenae, 24.02.1980)

Conscient que Dieu est présent dans le Saint Sacrement, qu’il soit dans le tabernacle ou sur l’autel, Jean-Paul II est très respectueux :  « Jamais il ne passait avec indifférence devant le saint sacrement. Quand il pouvait le faire, il s’agenouillait ou même s’étendait sur le sol et priait. On aurait dit qu’il se croyait seul, et on entendait qu’il s’entretenait à mi-voix avec le Seigneur Jésus. (…) Et il chantait. Il aimait chanter, spécialement pendant l’adoration quotidienne. » (JA) Il lui arrive même de chanter des chants populaires polonais. Il est familier avec Jésus, mais sans manque de respect ou désinvolture. Quand il prie, il se concentre avec ardeur sur la présence de Jésus dans l’Hostie et met tout son cœur dans leur échange. Ses proches racontent : « J’ai vu tant de fois son visage après la contemplation et l’adoration, visiblement changé et heureux. Durant la prière, il semblait en continuelle conversation avec Dieu, (…) ne s’apercevait pas de ce qui se passait autour de lui. Il semblait avoir perdu la notion du temps à tel point que le secrétaire devait à un moment donné le secouer pour le tirer de cette extraordinaire concentration, car d’autres tâches l’attendaient. » (VJ) « L’adoration du Très Saint-Sacrement représente pour lui un moment de détachement total des contingences matérielles pour s’abandonner dans les mains du Seigneur. (…) Au Vatican, chaque fois qu’il passe devant la chapelle de ses appartements privés, il ne manque pas d’y entrer et de s’arrêter devant l’eucharistie. » (VJ) « Alors qu’il est préfet de la Maison pontificale, monseigneur Dino Montuzzi, qui le connaît bien, recommande toujours aux organisateurs des visites de ne pas le faire passer devant le lieu où est conservée l’eucharistie, car il y entrera certainement, perturbant ainsi le programme de la journée. » (VJ)

Même en étant très affaibli et âgé, quelques mois avant de mourir, son amour et sa révérence pour Jésus réellement présent dans le Saint Sacrement ne vacillent pas : « (…) la dernière célébration du Corpus Domini présidée par le Saint-Père en 2004 fut particulièrement émouvante. Le pape ne marche plus et sa chaise est fixée à la plateforme de l’automobile préparée pour la procession. L’ostensoir avec le Saint-Sacrement est exposé devant lui sur le prie-Dieu. Peu de temps avant le départ, Jean-Paul II s’adresse au cérémoniaire en lui demandant s’il peut s’agenouiller. Celui-ci lui explique gentiment que ce serait trop risqué, parce que le parcours accidenté rend la voiture peu stable. Quelques minutes après, le pape répète : « Je veux m’agenouiller. » On lui suggère d’attendre un endroit du trajet où la route est en meilleur état. Peu après, Karol Wojtyla s’exclame d’un ton déterminé, presque en criant : « Il y a Jésus ici. S’il vous plaît. » Impossible de le contredire. Les deux cérémoniaires l’appuient lourdement contre le prie-Dieu. Sans parvenir à tenir sur ses jambes, le pape essaie de se soutenir en s’agrippant au prie-Dieu mais doit être rapidement assis sur sa chaise. Il s’agit d’une grande démonstration de foi : même si son corps ne répond plus, sa volonté est inébranlable. » (VJ) D’ailleurs, c’est lui qui a restauré la procession avec le Saint-Sacrement dans les rues de Rome, le jour de la célébration du Corpus Domini, la Fête-Dieu.

Jean-Paul II nous encourage à fréquenter Jésus dans le Saint Sacrement : « Il est bon de s’entretenir avec Lui et, penchés sur sa poitrine comme le disciple bien-aimé (cf. Jn 13, 25), d’être touchés par l’amour infini de son cœur. Si, à notre époque, le christianisme doit se distinguer surtout par « l’art de la prière », comment ne pas ressentir le besoin renouvelé de demeurer longuement, en conversation spirituelle, en adoration silencieuse, en attitude d’amour, devant le Christ présent dans le Saint-Sacrement ? Bien des fois, chers Frères et Sœurs, j’ai fait cette expérience et j’en ai reçu force, consolation et soutien ! » (Encyclique Ecclesia de Eucharistia, 17.04.2003)


Et moi, est-ce que je crois que Jésus est réellement présent dans l’Hostie consacrée ? Est-ce que je Le respecte et Le vénère comme il se doit ? Est-ce que je prends du temps pour Lui rendre visite à l’église ? Est-ce que je vais à la Messe le dimanche par obligation ou par amour pour Jésus, qui a donné Sa vie pour moi ? Qu’est-ce que la dévotion de Jean-Paul II pour Jésus présent dans le Saint Sacrement me donne comme idée à mettre en pratique ?


Références :
GP : Giovanni Paolo II – Ricordi di un Papa Santo, Piero Marini in dialogo con Luigi Maria Epicoco, Editrice Tau, 2014
NA : « N’ayez pas peur ! » André Frossard dialogue avec Jean-Paul II, Editions Robert Laffont, 2005 (original en 1983, en italien)
DI : Dans l’intimité de Jean-Paul II, Renato Boccardo, Editions des Béatitudes, 2014
VJ : Le Vrai Jean-Paul II, Slawomir Oder avec Saverio Gaeta, Editions Presses de la Renaissance, 2011
LM : Le mardi était son jour préféré, Monseigneur Mieczyslaw Mokrzycki et Brygida Grysiak, Editions des Béatitudes, 2010
JA : J’ai vécu avec un saint, Stanislaw Dziwisz, entretiens avec Gian Franco Svidercoschi, Editions du Cerf, 2014
https://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr.html pour citations de discours, homélies, audiences générales, messages, lettres, encycliques

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