Le vrai sens de Noël et de la crèche tiennent énormément à cœur à Saint Jean-Paul II. Lors de son homélie de la Messe de minuit du 24 décembre 2002, il dit : « (…) je songe à saint François d’Assise, penseur inspiré de la première animation vivante du mystère de la Sainte Nuit (…). » (site du Vatican).

Il y a 800 ans, pour Noël 1223, Saint François d’Assise créait la première crèche, vivante, dans laquelle les différents personnages étaient joués par les habitants du village de Greccio et les animaux étaient représentés par des animaux, vivants eux aussi ! La tradition s’est perpétuée et a été souvent remplacée par des personnages et animaux inanimés, les statues et statuettes que nous connaissons, d’abord dans les églises, puis dans les maisons. Les crèches domestiques se sont fortement répandues lors des temps de persécutions, quand les dévotions publiques étaient interdites. De nos jours, les crèches sont toujours un important moyen de dévotion.

Comme le dit si bien Saint Jean-Paul II : « Le rappel le plus suggestif de la naissance du Seigneur, (…) provient de la crèche. (…) » (Angélus, 22.12.2002, site du Vatican) « (…) Noël nous rappelle que Dieu veut habiter parmi nous, dans nos maisons, afin que nous puissions le rencontrer et vivre en communion avec Lui. » (Angélus, 15.12.2002, site du Vatican)

Dans la « maison » de la Place Saint Pierre à Rome, Saint Jean-Paul II a demandé que : « Dès Noël 1982, (…) sera renouvelée, en souvenir de la Nativité du Sauveur, la pieuse représentation de la Crèche au pied de l’obélisque du Vatican (…). » (Bureau de Presse, site du Vatican)

Pour Saint Jean-Paul II, la crèche permet de se remémorer la venue du Messie grâce à des objets qui nous renvoient à des réalités bien plus élevées. Ils sont donc loin d’être de l’idolâtrie. Ils sont une aide matérielle, donnée à nos êtres constitués aussi de matière, de nous rapprocher plus facilement des réalités transcendantes : « (…) l’art religieux annonce à sa manière le divin et dispose l’âme à la contemplation des mystères chrétiens, faisant comprendre par l’expression symbolique ce que des mots ont beaucoup de difficultés à exprimer (…). » (Discours, 26.05.2000) 

Voici comment Saint Jean-Paul II contemple la crèche :

« (…) Devant la crèche, notre regard s’arrête en particulier sur la Vierge et sur Joseph (…). En Elle, et en son très chaste Époux, nous voyons ainsi réalisées les conditions indispensables pour nous préparer au Noël du Christ. Tout d’abord le silence intérieur et la prière, qui permettent de contempler le mystère qui est commémoré. En deuxième lieu, la disponibilité à accueillir la volonté de Dieu, quelle que soit la façon dont elle se manifeste. Le « oui » de Marie et de Joseph est total et concerne toute leur personne : esprit, âme et corps. Qu’il en soit ainsi pour chacun de nous ! Que Jésus (…) puisse trouver dans chaque famille chrétienne un accueil généreux, comme ce fut le cas à Bethléem, lors de la Nuit Sainte.» (Angélus, 22.12.2002, site du Vatican)

« (…) En cette Sainte Nuit s’accomplit l’antique promesse: le temps de l’attente est terminé, et la Vierge met au monde le Messie. Jésus naît pour l’humanité, qui est à la recherche de liberté et de paix ; il naît pour tout homme, qui est opprimé par le péché, qui a besoin du salut et qui est assoiffé d’espérance. Au cri incessant des peuples: Viens, Seigneur, sauve-nous !, Dieu répond en cette nuit: sa Parole éternelle d’amour a assumé notre chair mortelle. (…) Le Verbe est entré dans le temps: il nous est né, l’Emmanuel, Dieu-avec-nous. (…) » (Homélie, 24.12.2002, site du Vatican)

La crèche aide à entrer dans ce mystère de Dieu qui est venu parmi nous, en contemplant Jésus bébé. Voyons comment Saint Jean-Paul II admire le Divin Enfant :

« (…) « Vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire » (Lc 2, 12). L’Enfant couché dans la pauvreté d’une mangeoire: tel est le signe de Dieu. Les siècles et les millénaires passent, mais le signe demeure, et il vaut aussi pour nous, hommes et femmes du troisième millénaire. C’est un signe d’espérance pour toute la famille humaine; un signe de paix pour ceux qui souffrent à cause de conflits de tout genre; un signe de libération pour les pauvres et les opprimés; un signe de miséricorde pour ceux qui sont enfermés dans le cercle vicieux du péché; un signe d’amour et de réconfort pour ceux qui se sentent seuls et abandonnés. C’est un signe ténu et fragile, humble et silencieux, mais riche de la puissance de Dieu, qui s’est fait homme par amour. (…) » (Homélie, 24.12.2002, site du Vatican)

« (…) Quel mystère insondable recouvre l’humilité de cet Enfant ! Nous voudrions presque le toucher; nous voudrions l’embrasser. (…) » (Homélie, 24.12.2003, site du Vatican)

Dans le tumulte de nos vies et du matérialisme ambiant, Saint Jean-Paul II nous rappelle l’essentiel :

« (…) Dans sa simplicité, l’Enfant de Bethléem nous enseigne à redécouvrir le sens véritable de notre existence; il nous apprend à « vivre dans le monde présent en hommes raisonnables, justes et religieux » (Tt 2,12). » (Homélie, 24.12.2003, site du Vatican)

« (…) La simplicité de la crèche contraste cependant avec l’image de Noël qui est parfois proposée avec insistance par les messages publicitaires. La belle tradition de s’échanger des dons à l’occasion de Noël, entre parents et amis, risque elle aussi, sous la pression d’une certaine mentalité de consommation, de perdre son caractère authentique lié à Noël. En effet, cet usage se comprend à partir du fait que Jésus en personne est le Don de Dieu à l’humanité, dont nos présents à l’occasion de cette fête se veulent le reflet et l’expression. C’est pourquoi, il est plus que jamais opportun de privilégier les gestes qui manifestent la solidarité et l’accueil envers les pauvres et les indigents. (…) » (Angélus, 22.12.2002, site du Vatican)

« (…) « La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes » (Tt 2, 11). La « grâce de Dieu manifestée » en Jésus est son amour miséricordieux, qui préside à toute l’histoire du salut et qui la conduit vers son accomplissement définitif. La révélation de Dieu « dans l’humilité de notre nature humaine » (…). En effet, par son Incarnation, Jésus « nous apprend (…) à rejeter le péché et les passions d’ici-bas (…) et pour attendre le bonheur que nous espérons avoir » (Tt 2, 12-13). (…) » (Homélie, 24.12.2002, site du Vatican)

Saint Jean-Paul II aime prier devant la crèche, seul (lui qui n’avait plus de famille depuis sa jeunesse) ou en compagnie :

« « Le Verbe s’est fait chair » (Jn 1,14). En cette nuit extraordinaire, le Verbe éternel, le « Prince de la Paix » (Is 9,5), naît dans la grotte froide et misérable de Bethléem. « Ne craignez pas », dit l’ange aux bergers, « aujourd’hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur » (Lc 2,11). Comme les bergers anonymes et privilégiés, nous aussi, accourons à la rencontre de Celui qui a changé le cours de l’histoire. Dans l’extrême pauvreté de la crèche, nous contemplons « un enfant nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire » (Lc 2,12). Dans le nouveau-né vulnérable et fragile, qui vagit entre les bras de Marie, « la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes » (Tt 2,11). Restons dans le silence et adorons ! (…) » (Homélie, 24.12.2003, site du Vatican)

« (…) Seigneur Jésus, avec les bergers nous nous approchons de ta crèche pour te contempler enveloppé de langes et couché dans la mangeoire. Ô Enfant de Bethléem, nous t’adorons en silence avec Marie, ta Mère toujours Vierge. À toi, la gloire et la louange dans les siècles, Toi le divin Sauveur du monde ! (…) » (Homélie, 24.12.2002, site du Vatican)

« (…) Ô Enfant, Toi qui as voulu avoir pour berceau une mangeoire; ô Créateur de l’univers, Toi qui t’es dépouillé de ta gloire divine; ô notre Rédempteur, Toi qui as offert en sacrifice ton corps sans défense pour le salut de l’humanité ! Que la splendeur de ta naissance illumine la nuit du monde. Que la puissance de ton message d’amour détruise les assauts orgueilleux du malin. Puisse le don de ta vie nous faire comprendre toujours davantage le prix de la vie de chaque être humain. Trop de sang coule encore sur la terre ! Trop de violence et de conflits troublent les relations sereines entre les nations ! Tu viens nous apporter la paix. Tu es notre paix ! Toi seul peux faire de nous « un peuple purifié » qui t’appartienne pour toujours, un peuple « ardent à faire le bien » (Tt 2,14). » (Homélie, 24.12.2003, site du Vatican)

« (…) Ô Sainte Nuit, tant attendue, toi qui as uni Dieu et l’homme pour toujours ! Tu rallumes en nous l’espérance. Tu nous remplis d’étonnement émerveillé. Tu nous assures le triomphe de l’amour sur la haine, de la vie sur la mort. C’est pourquoi nous demeurons dans l’émerveillement et nous prions. Dans le silence lumineux de ton Noël, Toi, l’Emmanuel, tu continues à nous parler. Et nous, nous sommes prêts à t’écouter. Amen ! » (Homélie, 24.12.2003, site du Vatican)


A notre tour de contempler la Miséricorde divine manifestée dans la venue de Dieu en tant qu’être humain dans l’humilité de la crèche et de le prier avec tout l’amour de notre cœur ! Joyeux Noël !


Références :
https://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr.html
pour citations de discours, homélies, audiences générales, messages, lettres, encycliques (traductions de l’italien quand texte indisponible en français)