Le 6 janvier 1964, le Pape Paul VI se rendait en Terre Sainte pour l’Épiphanie. Saint Jean-Paul II raconte : « (…) mon vénéré prédécesseur Paul VI, (…) il y a exactement quarante ans, (…) accomplit son pèlerinage historique en Terre Sainte. Précisément le 6 janvier 1964, à Bethléem, dans la Basilique de la Nativité, il prononça des paroles mémorables. Il dit entre autres : « Nous regardons le monde avec une immense sympathie. Si le monde se sent étranger au christianisme, le christianisme ne se sent pas étranger au monde » (…). Et il ajouta que la mission du christianisme dans l’humanité est une mission d’amitié, de compréhension, d’encouragement, de promotion, d’élévation : c’est-à-dire une mission de salut (…). De ce lieu qui a vu naître le Prince de la Paix, il exhorta les responsables des Nations à une collaboration toujours plus étroite en vue d' »instaurer la paix dans la vérité, dans la justice et dans l’amour fraternel » (…). » (Angélus, 06.01.2004, site du Vatican)
Le christianisme est porteur de valeurs qui sont là pour aider l’être humain à être heureux et à rendre heureux. Le christianisme est un guide pour le monde : « Aujourd’hui, en la fête de l’Épiphanie du Seigneur, l’Évangile de Matthieu parle d’une « étoile » mystérieuse, qui guida les Mages jusqu’à Jérusalem, puis à Bethléem, où ils adorèrent l’Enfant Jésus (cf. 2, 2.7.9.10). L’étoile, qui conduit les Mages au Christ, rappelle la riche symbolique de la lumière, très présente à Noël. Dieu est lumière et le Verbe fait homme est « lumière du monde » (Jn 8, 12), lumière qui guide le chemin des nations : « Lumen gentium » (…) j’invoque l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie, étoile de l’humanité en pèlerinage dans le temps. Avec l’aide maternelle de la Vierge, puisse chaque homme atteindre le Christ, Lumière de vérité, et le monde progresser sur la voie de la justice et de la paix. » (Angélus, 06.01.2004, site du Vatican)
Les Rois Mages ne sont plus de ce monde depuis longtemps, mais le christianisme reste indispensable pour rendre le monde meilleur. Saint Jean-Paul II nous explique comment prendre le relai de ces Rois venus d’Orient : « La solennité liturgique de l’Épiphanie étend le regard de l’Église à l’horizon du monde entier. Aujourd’hui, en effet, on célèbre la « manifestation » du Seigneur : le salut opéré par le Christ ne connaît pas de limite. Le Christ est la vraie lumière qui « illumine tout homme » (Jn 1, 9) et donc, aussi différents soient les temps et les manières de Le rencontrer, personne n’est soustrait au rayon d’action de son mystère. Saint Paul rappelle : Dieu « veut que tous les hommes soient sauvés et arrivent à la connaissance de la vérité » (1 Tm 2, 4). Dans le récit évangélique de ce jour des Mages qui viennent de loin pour adorer le Sauveur, est précisément évoqué le chemin vers le Christ de chaque homme et de tous les peuples. Cette universalité du dessein salvifique de Dieu a comme conséquence exigeante pour l’Église le devoir du témoignage et de l’annonce. Devoir qui incombe à tout baptisé. (…) » (Angélus, 06.01.1994, site du Vatican)
« Dans le caractère missionnaire de la solennité d’aujourd’hui (…) nous implorons la Sainte Vierge, pour qu’elle nous communique son ardeur missionnaire. Nous le lui demandons en adressant une pensée d’estime affectueuse aux frères des Églises orientales qui, selon leur tradition, célèbrent en ce jour le Noël du Seigneur. (…) » (Angélus, 06.01.1994, site du Vatican) En effet, les « (…) Églises orientales, (…) suivant le calendrier julien, célèbrent en ces jours le saint Noël (…). » (Angélus, 06.01.2004, site du Vatican)
« Comment ne pas nous souvenir aujourd’hui, à trente ans de l’événement, du pèlerinage de mon prédécesseur, le Pape Paul VI, en Terre Sainte ? Là il eut une rencontre fraternelle avec le vénérable Patriarche œcuménique Athénagoras I, dans le lieu-même où Jésus Christ est mort et ressuscité pour la rédemption des hommes. Ce fut une rencontre prophétique qui a posé une pierre miliaire dans les nouvelles relations entre catholiques et orthodoxes, après des siècles de séparation, montrant la mission la plus profonde qui incombe aux disciples de Jésus : trouver ensemble, tournés vers l’unique Seigneur, dans la prière et le pardon réciproque, la communion de la fraternité chrétienne. Dans le sillage du dynamisme gravé par cette rencontre, nos relations doivent continuer vers la pleine communion voulue par le Christ. Voici mon souhait et, à cette intention, j’élève ma prière fervente, demandant à tous les fidèles de l’Église catholique de s’unir à moi dans cette espérance et dans cette imploration unanime. » (Angélus, 06.01.1994, site du Vatican)
Saint Jean-Paul II a souvent tenu à rappeler que l’Église est faite de l’Orient et de l’Occident. Ici, il parle de l’Europe, mais ce discours peut se généraliser au monde, à toute l’Église universelle : « Il y a moins de deux jours que je suis revenu d’Ukraine (…). Visiter l’Ukraine, pont historique entre l’Orient et l’Occident, représentait pour moi un objectif attendu depuis longtemps et préparé dans la prière. À présent, sa réalisation représente la confirmation supplémentaire d’un dessein de la Providence : que l’Église d’Europe puisse recommencer à respirer avec ses deux poumons, afin que le continent tout entier connaisse une évangélisation renouvelée. (…) » (Angélus, 29.06.2001, site du Vatican)
Saint Jean-Paul II, lui-même slave, se sent très concerné par les pays orientaux, motivant d’écrire une encyclique sur Saints Cyrille et Méthode : « (…) la caractéristique que je désire particulièrement souligner dans l’action menée par les apôtres des Slaves, Cyrille et Méthode, c’est leur manière pacifique d’édifier l’Église, inspirés qu’ils étaient par leur conception de l’Église une, sainte et universelle. (…) Pour nous, les hommes d’aujourd’hui, leur apostolat exprime aussi un appel œcuménique: il invite à reconstruire, dans la paix de la réconciliation, l’unité qui a été gravement compromise après l’époque des saints Cyrille et Méthode et, en tout premier lieu, l’unité entre l’Orient et l’Occident. (…) » (Encyclique Slavorum Apostoli, 02.06.1985, site du Vatican)
« (…) Tous les hommes, toutes les nations, toutes les cultures et toutes les civilisations ont un rôle propre à remplir et une place particulière dans le plan mystérieux de Dieu et dans l’histoire universelle du salut. (…) Les Frères de Salonique étaient les héritiers non seulement de la foi, mais aussi de la culture de la Grèce antique, continuée par Byzance. Et l’on sait quelle importance revêt cet héritage pour toute la culture européenne et, directement ou indirectement, pour la culture universelle. Dans l’œuvre d’évangélisation qu’ils entreprirent, en pionniers, dans les territoires habités par des peuples slaves, on trouve aussi un modèle de ce que l’on appelle aujourd’hui l' »inculturation »: l’incarnation de l’Évangile dans les cultures autochtones, et en même temps l’introduction de ces cultures dans la vie de l’Église. En incarnant l’Évangile dans la culture autochtone des peuples qu’ils évangélisaient, les saints Cyrille et Méthode eurent le mérite particulier de former et de développer cette même culture ou, plutôt, de nombreuses cultures. En effet, toutes les cultures des nations slaves doivent leur « origine » ou leur développement à l’œuvre des deux Frères de Salonique. Ce sont eux, de fait, qui, en créant, de manière originale et géniale, un alphabet pour la langue slave, apportèrent une contribution fondamentale à la culture et à la littérature de toutes les nations slaves.. (…) » (Encyclique Slavorum Apostoli, 02.06.1985, site du Vatican)
« (…) Des deux évangélisateurs, on peut dire qu’ils furent caractérisés par leur amour de la communion de l’Église universelle en Orient comme en Occident, et, dans l’Église universelle, par l’amour de l’Église particulière qui était en train de naître dans les nations slaves. C’est aussi d’eux que vient l’appel à construire ensemble la communion, appel qui s’adresse aux chrétiens et aux hommes de notre temps. (…) Les deux Frères non seulement ont rempli leur mission en respectant pleinement la culture qui existait déjà chez les peuples slaves, mais ils la soutinrent et la développèrent inlassablement et de manière éminente en même temps que la religion. (…) Cyrille et Méthode sont comme les maillons d’unité, ou comme un pont spirituel, entre la tradition orientale et la tradition occidentale qui convergent l’une et l’autre dans l’unique grande Tradition de l’Église universelle. Ils sont pour nous les champions et en même temps les patrons de l’effort œcuménique des Églises sœurs d’Orient et d’Occident pour retrouver, par le dialogue et la prière, l’unité (…). » (Encyclique Slavorum Apostoli, 02.06.1985, site du Vatican)
« (…) Alors que j’adresse aux communautés chrétiennes de l’Orient mes plus sincères vœux de Joyeux Noël, je ne peux pas ne pas penser aussi aux autres chrétiens des différentes traditions et confessions répandus à travers le monde et je demande à la Mère de Dieu d’accélérer les temps de la pleine communion de tous les disciples du Christ, pour pouvoir affronter ensemble, avec un élan renouvelé de foi et d’œuvres, le défi de la nouvelle évangélisation (…). » (Angélus, 06.01.1994, site du Vatican)
« (…) Le Christ appelle tous ses disciples à l’unité. (…) S’ils veulent combattre vraiment et efficacement la tendance du monde à rendre vain le mystère de la Rédemption, ils doivent professer ensemble la vérité de la Croix. La Croix! Le courant antichrétien se propose d’en nier la valeur et de la vider de son sens; il refuse que l’homme y trouve les racines de sa vie nouvelle et prétend que la Croix ne peut ouvrir ni perspectives ni espérances: l’homme, dit-on, n’est qu’un être terrestre qui doit vivre comme si Dieu n’existait pas. Il n’échappe à personne que tout cela constitue un défi pour les croyants. Ceux-ci ne peuvent pas ne pas le relever. En effet, comment pourraient-ils ne pas faire tout leur possible, avec l’aide de Dieu, pour abattre les murs de division et de défiance, pour surmonter les obstacles et les préjugés qui empêchent d’annoncer l’Évangile du Salut par la Croix de Jésus, unique Rédempteur de l’homme, de tout homme? (…) » (Encyclique Ut Unum Sint, 29.05.1995, site du Vatican)
« (…) L’unité de toute l’humanité déchirée est voulue par Dieu. C’est pourquoi il a envoyé son Fils, afin que, mourant et ressuscitant pour nous, il nous donne son Esprit d’amour. A la veille du sacrifice de la Croix, Jésus lui-même demande au Père pour ses disciples, et pour tous ceux qui croiront en lui, qu’ils soient un, une communion vivante. (…) La « division contredit ouvertement la volonté du Christ, et est un sujet de scandale pour le monde et une source de préjudices pour la très sainte cause de la prédication de l’Évangile à toute créature ». (…) A l’heure de sa Passion, Jésus lui-même a prié « afin que tous soient un » (Jn 17, 21). L’unité, que le Seigneur a donnée à son Église et dans laquelle il veut que tous soient inclus, n’est pas secondaire, elle est au centre même de son œuvre. (…) » (Encyclique Ut Unum Sint, 29.05.1995, site du Vatican)
« (…) L’Église catholique affirme par là que, au cours des deux mille ans de son histoire, elle a été gardée dans l’unité avec tous les biens dont Dieu veut doter son Église, et cela malgré les crises souvent graves qui l’ont ébranlée, les manques de fidélité de certains de ses ministres et les fautes auxquelles se heurtent quotidiennement ses membres. L’Église catholique sait que, en vertu du soutien qui lui vient de l’Esprit, les faiblesses, les médiocrités, les péchés et parfois les trahisons de certains de ses fils ne peuvent pas détruire ce que Dieu a mis en elle selon son dessein de grâce. Même « les portes de l’enfer ne tiendront pas contre elle » (Mt 16, 18). Cependant, l’Église catholique n’oublie pas qu’en son sein beaucoup obscurcissent le dessein de Dieu. Évoquant la division des chrétiens, le décret sur l’œcuménisme n’ignore pas « la faute des hommes de l’une et l’autre partie », en reconnaissant que la responsabilité ne peut être attribuée uniquement « aux autres ». Par la grâce de Dieu, ce qui appartient à la structure de l’Église du Christ n’a pourtant pas été détruit, ni la communion qui demeure avec les autres Églises et Communautés ecclésiales. En effet, les éléments de sanctification et de vérité présents dans les autres Communautés chrétiennes, à des degrés différents dans les unes et les autres, constituent la base objective de la communion qui existe, même imparfaitement, entre elles et l’Église catholique. Dans la mesure où ces éléments se trouvent dans les autres Communautés chrétiennes, il y a une présence active de l’unique Église du Christ en elles. C’est pourquoi le Concile Vatican II parle d’une communion réelle, même si elle est imparfaite. La constitution Lumen gentium souligne que l’Église catholique « se sait unie pour plusieurs raisons » avec ces Communautés, par une certaine et réelle union, dans l’Esprit Saint. (…) Le même document fait ressortir avec sobriété les implications doctrinales de cette situation. Au sujet des membres de ces Communautés, il déclare: « Justifiés par la foi dans le Baptême, ils sont incorporés au Christ, ont à bon droit l’honneur de porter le nom de chrétiens et sont reconnus avec raison comme frères dans le Christ par les fils de l’Église catholique ». (…) » (Encyclique Ut Unum Sint, 29.05.1995, site du Vatican)
« (…) C’est ainsi que le Pape Jean XXIII croyait à l’unité de l’Église et c’est ainsi qu’il recherchait l’unité de tous les chrétiens. Parlant des autres chrétiens, de la grande famille chrétienne, il constatait: « Ce qui nous unit est beaucoup plus fort que ce qui nous divise ». Et, pour sa part, le Concile Vatican II exhorte: « Que tous les fidèles se souviennent qu’ils feront progresser l’union des chrétiens, bien mieux qu’ils s’y exerceront d’autant mieux qu’ils s’efforceront de vivre plus purement selon l’Évangile. Plus étroite, en effet, sera leur communion avec le Père, le Verbe et l’Esprit Saint, plus ils pourront rendre intime et facile le développement de la fraternité mutuelle »(…) » (Encyclique Ut Unum Sint, 29.05.1995, site du Vatican)
« (…) Sur la route œcuménique de l’unité, la priorité revient certainement à la prière commune, à l’union orante de ceux qui se rassemblent autour du Christ lui-même. Si, malgré leurs divisions, les chrétiens savent toujours plus s’unir dans une prière commune autour du Christ, alors se développera leur conscience des limites de ce qui les divise en comparaison de ce qui les unit. (…) On ne doit pas oublier, en effet, que le Seigneur a demandé au Père l’unité de ses disciples, afin qu’elle rende témoignage à sa mission et que le monde puisse croire que le Père l’avait envoyé (cf. Jn 17, 21). (…) malgré nos divisions, nous sommes en train de parcourir la route de la pleine unité, de l’unité qui caractérisait l’Église apostolique à ses débuts, et que nous recherchons sincèrement: guidée par la foi, notre prière commune en est la preuve. Dans la prière, nous nous réunissons au nom du Christ qui est Un. Il est notre unité. (…) La prière, la communauté de prière, nous permet toujours de retrouver la vérité évangélique de cette parole: « Vous n’avez qu’un seul Père » (Mt 23, 9), ce Père, Abba, invoqué par le Christ lui-même, Lui qui est le Fils unique, de la même substance. Et aussi: « Vous n’avez qu’un seul maître, et tous vous êtes des frères » (Mt 23, 8). La prière « œcuménique » dévoile cette dimension fondamentale de la fraternité dans le Christ, qui est mort pour rassembler les fils de Dieu dispersés, afin que, devenant « fils dans le Fils » (cf. Ep 1, 5), nous reflétions plus pleinement l’insondable réalité de la paternité de Dieu et, en même temps, la vérité sur l’humanité de chacun et de tous. (…) » (Encyclique Ut Unum Sint, 29.05.1995, site du Vatican)
« (…) Parce que, par nature, les données de la foi sont destinées à toute l’humanité, elles doivent être traduites dans toutes les cultures. En effet, l’élément qui détermine la communion dans la vérité est le sens de la vérité. Son expression peut avoir des formes multiples. Et la rénovation des formes d’expression devient nécessaire pour transmettre à l’homme d’aujourd’hui le message évangélique dans son sens immuable. (…) » (Encyclique Ut Unum Sint, 29.05.1995, site du Vatican)
« (…) Et il ne s’agit pas seulement de rénover la manière d’exprimer la foi, mais aussi la manière même de vivre la foi. On pourrait alors se demander: qui doit faire cela? Le Concile répond clairement à cette question: cela « concerne toute l’Église, tant les fidèles que les pasteurs, chacun selon ses capacités propres soit dans la vie chrétienne quotidienne, soit dans les recherches théologiques et historiques » (…). » (Encyclique Ut Unum Sint, 29.05.1995, site du Vatican)
« (…) Il n’y a pas non plus d’autre voie aujourd’hui pour surmonter les tensions et dépasser, en Europe ou dans le monde, les ruptures et les antagonismes qui menacent de provoquer une terrible destruction de la vie et des valeurs. Être chrétien en notre temps signifie être artisan de communion dans l’Église et dans la société. A cette fin, il importe d’avoir l’âme ouverte à ses frères, de vivre la compréhension mutuelle, de coopérer spontanément par l’échange généreux des biens culturels et spirituels. En effet, l’une des aspirations fondamentales de l’humanité d’aujourd’hui consiste à retrouver l’unité et la communion, pour une vie vraiment digne de l’homme, dans une dimension planétaire. L’Église, consciente d’être signe et sacrement universel du salut et de l’unité du genre humain, se déclare prête à remplir son devoir (…). » (Encyclique Slavorum Apostoli, 02.06.1985, site du Vatican)
A nous de plonger dans les trésors de la Miséricorde Divine, par laquelle Jésus s’est manifesté à nous, pour être ses témoins, pour Le faire connaître ! Travaillons notre proximité avec Lui, par la prière en particulier, en union avec tous les chrétiens du monde entier !
Références :
https://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr.html pour citations de discours, homélies, audiences générales, messages, lettres, encycliques (traductions de l’italien quand texte indisponible en français)